Le vaccin

Nous avions laissé nos pauvres en bêtes en proie à la maladie, et rien n'y faisait : ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. Seul "le vaccin" pourrait peut-être sauver une partie de la population

Or donc, sur la planète Shadok, après bien des mois d’attente, les vaccins étaient enfin arrivés. Le Gouvernement Shadok. le Conseil Scientifique et les Experts de toutes plumes se réjouissaient.

En effet, après les ratages précédents, avec les masques, le gel, le paracétamol, les blouses et les tests, les probabilités pour que cette fois-ci ça marche, étaient au plus haut. D’autant qu’on avait acheté des congélateurs et des toiles de tente.

Mais sur la planète Shadok rien n’était simple : car certains Shadoks ne voulaient pas se faire vacciner de peur de tomber malades, alors que d’autres Shadoks tombaient malades de ne pas pouvoir se faire vacciner.

Il est vrai que pour certains de ces esprits frustres, il était difficile d'admettre qu'on pouvait se soigner d'une maladie en s'injectant des petits morceaux de la maladie. C'était comme essayer de se soulager d'un mal de tête en s'assenant des coups de gourdin sur le crâne.

Certains aussi se lamentaient de ne pas avoir accès rapidement au vaccin salvateur, mais refusaient la vaccination par principe, après avoir visionné quelques vidéos sur youtube.

A la télévision, pour ses vœux aux Shadoks, le Président des Shadoks déclara solennellement qu’il ne savait pas ce qu’il fallait faire, mais qu’il le ferait quoiqu’il en coûte.

Alors que chez les voisins des Shadoks, des milliers de Gibbis étaient déjà vaccinés, sur la planète Shadok, la seule Shadok Mauricette et quelques Shadoks en blouses blanches, avaient reçu le vaccin.

Consultés en urgence, les experts Shadoks estimèrent qu’à ce rythme-là, un Shadok de 40 ans ne serait pas vacciné avant son cent-vingtième anniversaire. A condition toutefois qu’on obtienne son consentement.

Alors, comme toujours, quand les Shadoks se trouvaient devant un grave problème, le gouvernement shadok créa un Comité Citoyen d’Étude, en tirant au sort 35 Shadoks pour qu’ils donnent leur avis de Shadok sur la question.

Ainsi, pendant que ces malheureux se creuseraient la tête à trouver des solutions aux problèmes qu'ils ne comprenaient pas, le Président pourrait faire ce qu'il voudrait, et à la fin écouterait leurs conclusions d'un air entendu, en faisant ce qu'il lui plait.

Et pendant ce temps, en Bretagne, de jeunes Shadoks non vaccinés se dandinaient en musique, trois jours durant, au nez et à la barbe de la maréchaussée, avant de rentrer chez eux pour souhaiter une bonne pandémie à leurs vieux parents Shadoks.

Heureusement pour eux, par crainte de débordements regrettables, les forces de maintien de l'ordre, très organisées, se contentèrent de prélever quelques sous, mais laissèrent passer deux camions de sono.

La gendarmerie shadok est très cool !