Chez ces gens-là

Temps de merde

Retenir l’attention de la damoiselle n’était rien en comparaison du chemin restant à parcourir, car à cette époque, anté-soixante-huitarde, “pécho” ne signifiait en rien une situation durable et stable : la famille de la dulcinée veillait. 

Comme l’a si bien chanté Jacques Brel, “chez ces gens-là”, certains prérequis étaient indispensables. Ne possédant ni codes, ni fortune, ni nom, je n’étais pas à priori le bien venu. Nous n’allions pas tarder à en prendre conscience.

Un conseil de famille décida donc de mon éviction, et de me remplacer par un parti plus en adéquation avec la bienséance. Toutoune fut donc invitée un soir, “en famille”, et placée à côté d’un inconnu “psy sur-diplômé” de son état, et  bien sous tous rapports. Ceux connaissant la demoiselle (et oui, à l’époque…), savent qu’il est illusoire de vouloir lui forcer la main. Par contre, le “docteur de la tête”, poussé par les encouragements de la famille, la trouvait fort à son goût, et malgré le peu d’enthousiasme de l’intéressée, une seconde soirée fut organisée, assortie en final d’une sortie en boîte.

Bien que mis au courant, que pouvais-je faire ? Que pouvait-elle faire ? Que pouvions nous faire ?

Le conseil de famille, en fin stratège, avait mis au point un traquenard. A la fin du repas, chacun se récusa, prétextant, qui une fatigue soudaine, qui une tâche urgente, laissant au seul prétendant le soin de sortir la petite.

C’est ainsi que remontant la rue Crébillon à Nantes en compagnie de quelques copains, nous croisâmes le couple se rendant dans je ne sais quel lieu de perdition.

Misère ! Si j’étais bien au courant des tenants et aboutissants de l’affaire, il n’en était pas de même de mes acolytes, et je dus calmer les ardeurs de la troupe en leur affirmant que tout était sous contrôle. N'empêche que la fin de soirée fut des plus éprouvante pour mon ego.

Toutoune finit par convaincre sa tribu qu’elle avait fait son choix (le bon), et qu’elle n’avait besoin de personne pour conduire sa vie. Pas facile à l’époque !

Deux sets à zéro… au tie break ! 

La non-demande en mariage