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Temps de merde

Ciel gris et bas, petite pluie poussée par le vent, maison désespérément vide, occupations ou plutôt passe-temps vides de sens, et bien sûr toujours le même visage en toile de fond.

Même le feu dans la cheminée ne parvient pas à me réchauffer l'âme.

Les images passent et, dans une valse lente, laissent la place à des bribes de souvenirs.

 

Tout a commencé en février 1967.

 

A l’école dentaire, il était de tradition à cette époque, d’organiser un repas dans un ”bon restaurant”, en cette période de l’année pauvre en plaisirs. Réunissant mes économies, je m’inscrivis pour cette soirée chez Clémence, établissement renommé des bords de Loire.

 

Je me revois encore, planté au milieu de la salle, cherchant auprès de qui j’allais m'installer et passer la soirée. C’est alors que je L’ai vue, avec une chaise libre face à elle. C’était un signe du destin. Il faut dire que notre année, clairsemée pour je ne sais quelle raison, ne comportait que six filles plus ou moins aguichantes, pour trente garçons plus ou moins testostéronés.

 

Elle était venue accompagnée d’un certain Patrick, possesseur d’une Spitfire rouge (quand je serai grand, j'aurai aussi une petite voiture de sport rouge, na !), et  fils du Chef de Gare de Nantes. Malgré mon entraînement de jeune mâle, c’était pas gagné.

 

Premier plat : une tranche de terrine. Abonné, midi et soir, aux tristes repas du Restaurant Universitaire, je terminais promptement ma part et, sans doute involontairement, lorgnais d’un œil concupiscent, vers l’assiette de ma voisine. 

 

Et là, second signe du destin, elle m’offrit le reste de son pâté.

 

Puis, ayant appris au cours du repas qu’elle adorait danser le “rock”, je poussais mon avantage dès le dessert avalé. Il faut dire qu’en ce temps là, il n’existait que le “slow” et le “rock”, et le pauvre Patrick maîtrisait mal les tempos rapides. Il devait donc patienter que je lui laisse la main, ce que je fit, je dois l’avouer à ma grande honte, avec parcimonie. 

 

Les jours suivants, il a bien tenté d'arguer qu’il était le premier, et patati et patata, mais je n’ai pas lâché l’affaire... pendant plus de cinquante années.

 

 Chez ces gens là

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Commentaires: 5
  • #1

    Kergo du 9 (jeudi, 29 octobre 2020 15:35)

    Je propose une soirée entre mecs au coin du feu
    Pour échanger nos méthodes de conquête
    À très vite �

  • #2

    Capaloc (jeudi, 29 octobre 2020 17:24)

    Même époque même convoitise mais beaucoup moins prestigieuse sauf pour mes yeux
    Une quatre chevaux Renault.
    Le même jour, j’ai dégoté le nirvâna, le bonhomme et sa bagnole, évinçant du même coup, mon chaperon de frère qui avait perdu son chauffeur
    Depuis je ne peux pas voir une 4 chevaux sans y repenser.
    Ha les bagnoles !!!

  • #3

    Babette (jeudi, 29 octobre 2020 18:29)

    Comment aurait elle pu résister à ton charme, tes petits yeux rieurs, ton humour et ton intelligence !!!! Je pense bien à toi. Profitez de la soirée au coin du feu entre amis.
    Je vous confie Tonton, "mon Lilette".

  • #4

    Joël du bout du bout (vendredi, 30 octobre 2020 11:18)

    Belle époque de celle qui m’a fait connaître Catherine. Et c’est aussi le rock and roll qui m’a permis de la plus belle des manières de faire mes premières approches. Merci à Eddy Mitchell et à l’Olympia !

  • #5

    Emmanuel (lundi, 02 novembre 2020 12:29)

    On pense bien à toi ... au long de ces journées maussades, mais qui font remonter de si jolis souvenirs tellement plein de vie.
    Et pourquoi pas un petit moment à la maison un de ces soirs, quand tu veux.
    Raphaëlle et Emmanuel