Quiproquo vaudevillesque

Le jeudi midi, il est de tradition que ma nièce Alix apporte de quoi se sustenter à son vieux tonton, C’est au cours de ces agapes méridiennes qu’elle m’a confié quelques unes des ses aventures d’agente immobilière, ici-même rapportées (Visite guidée, Effets kiss-cool).

Voici la dernière en date.

Un jour, Monsieur X en provenance de la région parisienne, se présente, seul, et demande à voir quelques biens, afin de s’établir dans la région avec sa femme.

A l’issue d’une des visites, ce cher homme charmé par une maison "haut de gamme", annonce qu’il arrête son choix sur ce petit paradis, et qu’il désire immédiatement signer un compromis.

Interloquée par tant de précipitation, Alix modère son enthousiasme en lui faisant valoir le fait qu’il serait judicieux d’attendre l’avis de son épouse avant de s’engager aussi fermement.

Malgré une certaine réticence, Monsieur X se range à l’argument avancé, et accepte une nouvelle visite en compagnie de sa femme.

Le jour dit, Alix craignant un léger retard de sa part, lui téléphone sur son portable.

Une voix féminine lui répond :

-  Allo ?

- Bonjour Madame X, je vous prie de m’excuser, mais je risque d’être légèrement en retard pour la visite de la maison que votre mari désire vous présenter à Baden dans le Morbihan.

-  Pardon ? Une maison ? A Baden ? Dans le Morbihan ? Je suis heureuse de l'apprendre !...

Aïe, aïe, aïe se dit Alix in petto et dans son for intérieur. Cet imbécile a dû oublier son téléphone chez lui, le niais. Quand on désire mener une double vie, il y a un minimum !

A son arrivée devant le lieu de rendez-vous, Alix aperçoit Monsieur X l’air agacé, faisant les cent pas, accompagné d’une accorte jeune femme très décorative.

-  Vous êtes en retard sur l’horaire prévu, commence-t-il…

- Mais je vous ai téléphoné, je suis tombé sur votre femme, et je l’ai prévenue, réplique Alix risquant un œil discret vers l’accompagnatrice…

A ces mots, le pauvre homme tourne les talons, attrape au passage la main de sa compagne et s'engouffre dans sa voiture.

Inutile de vous préciser que la vente a fait long feu, et que Monsieur X n’est jamais réapparu.