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Les plaies

Tout a commencé quand les eaux du Sal et du Loc’h commencèrent à se teinter de rouge sang. Sommés de répondre aux interrogations médiatiques, les scientifiques mirent en évidence la présence d’algues rouges de type Planktothrix rubescens, dont la prolifération exponentielle était probablement due au réchauffement climatique.

 

Puis, ce fut au tour des grenouilles de nous envahir. En effet, l'incitation à la création de points d’eau indispensables à la biodiversité, à la régulation thermique et autres fariboles, avait poussé les municipalités responsables, à couvrir leur territoire de mares propres à la multiplication des dits batraciens anoures. On vit même des pluies de ces petites bêtes tomber du ciel après avoir été aspirées par des tornades signes patents du temps qui n’était plus ce qu’il était.

 

Mais ce n’est pas tout, car cette multiplication de points d’eaux stagnantes favorisa l’éclosion de myriades de moustiques aptes à propager la dingue, le chikungunya, le paludisme et autres maladies fort désagréables. Il paraît même qu’en un lieu connu sous le nom de Fort Espagnol, des tiques redoutables s’attaquaient sauvagement, sans vergogne et rostre au clair, à tout être à sang chaud passant à leur portée.

 

Tous ces désagréments furent bientôt qualifiés de "plaies" par quelques exégètes bibliques en quête de notoriété, et appelés en tant qu’experts sur les plateaux de télévision.

Ne revivait-on pas les calamités infligées aux égyptiens dirigés par Pharaon, coupable de refuser aux hébreux la route de l'exode ? Mais quel pouvait être le message divin ?

 

Les mondes politique et spirituel se perdaient en conjectures.

 

- On ne demande pas mieux de les laisser rentrer chez eux, disaient certains, mais c’est eux qui ne veulent pas.

- Pas du tout, hurlaient d’autres, c’est parce qu’on refuse de les accueillir et partager nos biens et leurs valeurs !

- Vous n’avez rien compris, vociféraient les adeptes du GIEC, c’est à cause du CO² ! Et d’abord on est trop nombreux sur cette malheureuse planète, et il faut euthanasier les enfants à fort QI et les petits vieux improductifs !

 

En sueurs, je me réveille soudain dans mon fauteuil, puis regarde ma montre.

Aïe, aïe, aïe… Oulala… Le kercadoïen dromomaniaque (1) ne va pas tarder...

 

(1) Le terme dromomaniaque est particulièrement signifiant, faisant référence à une pathologie médicale caractérisée par une marche compulsive.

 

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Commentaires: 4
  • #1

    La voisine du haut ! (mercredi, 16 février 2022 15:12)

    Ouf j'ai eu peur que tu aies été intercepté par autre chose qu'un kercadoïen dromomaniaque
    ç'aurait été problématique !

  • #2

    Tonton (mercredi, 16 février 2022 15:30)

    J'ai hésité entre les qualificatifs de dromomaniaque et péripatéticien (au sens très voisin), mais j'ai eu peur des ragots, ou des qu'en-dira-t-on soupçonneux et malveillants, en un mot d'une cabale outrancière.

  • #3

    michel (mercredi, 16 février 2022 17:49)

    oulala ! ca me fait trop rire!
    continue a nous amuser

  • #4

    Patrick B (mercredi, 16 février 2022 19:58)

    Belle parabole !