Et si je devenais dieu ?

Alors que, chevauchant ma fougueuse machine, je tondais benoîtement mes terres, une branche porteuse de pommes de pin me serait tombée sur la tête, me faisant tout à la foi(s) perdre conscience et prendre conscience de ma déité. 

 

Oulala, quel bordel ce monde ! me dirais-je. Par où commencer ? Bricoler l’état actuel ? Recommencer tout à zéro ? Composer avec les autres dieux ? Préférer être seul maître à bord ?

 

A observer notre monde actuel, on ne peut pas dire que ce soit une réussite, à voir les multiples conflits soutenus par les religions mono ou pluri-théistes de mes prédécesseurs. Oui, mais comment faire ? Tout “nitrater” à zéro et tout refaire propre ? N’éradiquer que mes confrères, mais au grand dam de leurs disciples ? Mettre au point un grand cataclysme qui ne préserverait sur terre, qu’une famille aimante (la mienne par exemple), et quelques animaux et végétaux choisis (en profiter pour éliminer les épinards, les carottes cuites, les patates douces, les tomates à cassoulet de Toulouse, les moustiques et autres parasites) ?

 

Donc, soit je ne détruis rien et me contente de gérer au mieux un machin qui à été fait à la va-vite (6 jours ! c’est du n’importe quoi) et qui ne marche pas très bien, soit je refais tout à neuf en évitant les erreurs de conception.

 

Réflexions faites, la deuxième solution me semble la plus pertinente.

Je m’inspirerais de la Genèse, mais cette fois, en prenant le temps et en apportant plus de soin.

• en profiter pour éliminer les épinards, les carottes cuites, les patates douces, les tomates à cassoulet de Toulouse, les moustiques et autres parasites
• faire que les humains aient un QI minimum (même les femmes)
• faire que les humains soient attirants (surtout les femmes)
• interdire la misogynie et surtout la misandrie, au profit de la philandrie.

Pour la gestion de l’Eden, pas question d’interdire l’arbre de la connaissance, bien au contraire. J’instaurerais la consommation obligatoire de pommes midi et soir, jusqu’à l'âge de 16 ans minimum. Je ne voudrais pas du tout être adoré par une race de crétins ignares, et faire peser sur les épaules des descendants de mon couple fondateur, le poids d’un péché originel.

 

Je pense qu’ainsi  “le monde” serait déjà plus habitable.

Pour la suite des événements, j’aimerais avoir un droit de réponse sur ce qui serait proclamé ou écrit en mon nom, sous peine de cruels sévices. Je m’octroierais un droit de regard, que dis-je, d’intervention sur les risques de déviances doctrinales. Supprimer ainsi les hérésies naissantes par essartage, taillage, glyphosatage, non par méchanceté, mais par prophylaxie.

 

Puis, en dépits des nombreuses améliorations indispensables me venant à l'esprit, je reprendrais enfin connaissance, me demandant pourquoi l'infirmière occupée à m'ajuster délicatement un turban sur la tête n'a pas d'ailes dans le dos.

 

- Où suis-je ? Bonjour madame l’ange. 

- Ah, bon ? Vous êtes une pompière médecin en blouse blanche ? 

- Mais où sont passées vos ailes ?...

 

- Mais jusqu'où ira-t-il, ce psychopathe, ce mégalomane ?

Après s'être pris pour un super-héros, voilà t'y pas qu'il se fourvoie dans le blasphématoire ! 

Piquons-le ! et qu'on en parle plus !