L'accident

Comme chacun le sait au Fort Espagnol, notre ami des Terres du Haut a malencontreusement chu à la cale du bout du bout.

Afin d'élargir la diffusion de cette anecdote parmi les malheureux non-résidents de ce délicieux petit coin de Bretagne, je me dois de narrer cette histoire qui, à l'instar des légendes de l'Ankou contées à la veillée, est devenue source de frissons d’horreur au tréfond des chaumières morbihannaises,.

Apercevant quelques touristes imprudents s’aventurant sur le bas de la pente de la cale recouverte d'algues diverses et variées propres à l’estran, et n’écoutant que son courage, notre ancien militaire se précipita vers ces malheureux inconscients afin de les prévenir du danger encouru.

Il lança alors un péremptoire “Attention, ça glisse !”, puis réalisant qu’une bonne démonstration valait mieux qu’un long discours, il laissa ses deux pieds partir dans la pente et se vautra didactiquement, au risque de se fracasser le coccyx, l’occiput, et divers petits os. 

Je pense qu'il eut été plus judicieux de sa part et moins dangereux de montrer le bon exemple plutôt que la chose à éviter, mais chacun est libre de son mode d’enseignement.

Nous voilà donc avec un pauvre hère interloqué, mais heureusement paraissant toujours conscient, le cul dans les algues, la tête dans les vapes, entouré d’une foule compatissante, prodigue en judicieux conseils.

Cette conscience, toujours en éveil (!), lui permit d’enregistrer tous les maux et complications que sa mésaventure pouvait engendrer, ce qui fait qu’il se demande à présent par quel miracle il est encore de ce monde.

Et depuis, se remémorant la solution adoptée par les Shadoks (cuirasser, blinder ce qui est fragile, afin d’éviter une détérioration par trop irréversible), pour se rendre à la cale, notre ami casse-cou adopte une tenue plus en adéquation avec son caractère téméraire.

"C’est qu’il est haut, le bougre !" se serait exclamé un de ses voisins finement observateur…