Premiers pas

Cris de joie de mes parents : âgé de neuf mois à peine, je viens de faire mes premiers pas. Je ne savais pas encore que je venais de commettre une très grosse bêtise !

En effet, ma maman très fière de la précocité de son petit garçon, ne manqua pas une occasion de me mettre en action devant tout témoin éventuel. J’eus beau tendre mes pauvres menottes vers les bras transporteurs, rien n’y fit, il fallait marcher.

Alors las de cette injustice, je décidai de faire la grève de la marche. Fini de répondre favorablement aux injonctions maternelles : je restai obstinément le cul au sol, et braillai en tendant mes pauvres petits bras malingres, jusqu’à ce que ma mère se décide enfin à me prendre dans les siens.

Mettant ce comportement sur le compte de la fatigue due à une trop grande précocité, et ne voulant pas que mes frêles gambettes ne se déforment sous l’effort, ma mère fit marche arrière et je pus ainsi récupérer mon moyen de transport favori.

A quelques temps de là, entendant des pas provenant d’une pièce attenante, elle se précipita… et me trouva assis benoîtement, arborant un sourire des plus innocents.

Alors la traîtresse attendit discrètement d’entendre à nouveau le bruit de mes petits petons marteler le sol, s’approcha à pas de loup de la porte, et l’ouvrit prestement. Au bruit, je me laissai aussitôt tomber sur les fesses, mais trop tard ! Le pot aux roses était découvert, et dorénavant, plus moyen de ruser.

Étonnez-vous à présent que je rechigne parfois à accomplir ma marche quotidienne, traumatisé que je fus dès mon plus jeune âge, par ma propre mère !