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Mon mai 68

Je dois vous avouer que je n’ai gardé comme souvenirs de cet évènement, qu’une période propice à tout débordement et à un immense chahut ! Loin de moi, comme la plupart de mes camarades à l’époque, d’adhérer à la moindre notion idéologique. Je n’en ai retenu que la météo radieuse, le temps libre, et quelques petites pénuries.

 

Dès le lendemain matin des débordements de la rue Monge, je joignais un copain de chez Adèle :

-Tu devrais venir, on se marre bien ! Un vrai bordel ! On joue à chat-perché avec les CRS ! Les bagnoles crament… me dit-il.

 

Le week-end suivant, je "monte" à Paris visiter les lieux que j’ai arpentés pendant deux années, et… désolé, mais ce n’est pas pour moi, tout ça ! Et vite fait, je retourne dans ma province auprès de ma blonde, gérer au jour le jour, le présent de ce printemps radieux.

 

Rapidement, tout fut bloqué : les cours, l’essence, les cigarettes…

 

Comme nous avions accès aux locaux de l’École Dentaire, dans le labo nous avons organisé des simulacres de prises de barricades. Deux équipes, chaque membre équipé d’un couvercle de poubelle en guise de bouclier d’une main, et d’une provision de bousée de plâtre frais de l’autre, et à l’assaut !

 

La pénurie de cigarettes m’a permis de m’initier à leur fabrication artisanale. Je pus mettre en pratique l’habileté manuelle acquise durant ces débuts d’études, en proposant aux demoiselles de savoureux petits cylindre aux proportions parfaites.

 

Pour l’essence, la première chose à faire était de partir à la chasse aux "bons" ou tickets de rationnement. Puis, l’attente à la suite d’une longue queue menant à une pompe, permettait de récupérer quelques litres, ensuite on refaisait une autre queue. Mais attention à bien surveiller la quantité libre du réservoir : je me rappelle d’un copain dont l’excès d’essence se déversa au sol. Il dut fuir, tout honteux, sous les huées des quémandeurs frustrés.

 

Le soleil omniprésent, nous incitait à des escapades sur la côte.

 

Nous partions pour la journée, et squattions chez les parents ou connaissances de notre petit groupe, où je me livrais, sous l'œil admiratif et humide de mes petites camarades, et envieux de mes condisciples, à l'approfondissement de mes notions de guitare glanées chez Adèle.

 

Je me rappelle d’un retour de Pornic, petite station balnéaire très prisée des nantais : des  pavés manquaient sur le Cours des 50 Otages, et  quelques énergumènes (probablement de la fac de lettres) s’agitaient encore, appelant à la Révolution Prolétarienne. Renseignements pris, quelques échauffourées avaient eu lieu l’après-midi, alors que Toutoune et moi roucoulions sur le sable.

 

 

Bien sûr, je ne regrette pas le coté festif de cette période, mais bientôt la question du passage dans la classe supérieure prit le pas sur les discussions idéologiques. Nous, on était sérieux dans la menée de nos études ! Pas comme ces traîne-savates  de lettres ou psycho…

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Commentaires: 1
  • #1

    La voisine du haut ! (lundi, 03 janvier 2022 18:28)

    Trugarez vras evit an istorioù livus-kaer !
    J'adorrrrrrrrrrrrrrrrrre