La cleptomanie, suite...

Episode précédent

De passage au Fort Espagnol, un mien lecteur et néanmoins ami, m’a confié une anecdote savoureuse survenue à son père, et je ne résiste pas au plaisir de vous en faire part.

Ce cher homme était médecin, et comme il était d’usage à cette époque, pratiquait son art dans un cabinet situé au sein de la demeure familiale, mêlant ainsi allègrement les vies personnelle et professionnelle. Une forme de sacerdoce en somme. Attenante au lieu de consultation, une salle d’attente avait été aménagée, comportant un certain nombre de chaises agrémentées de coussins coquets et confortables à la fesse délicate de ses contemporains.

Un soir, à la fin de sa journée de labeur, il effectua son habituelle ronde dans la salle d’attente, afin de remettre éventuellement en ordre les piles de "Femmes Actuelles" et autres revues aptes à occuper les mains sinon les yeux de ses patients.

- Tiens, se dit-il, quelque chose a changé…

Après un rapide examen (médecin un jour, médecin toujours !), il dût se rendre à l’évidence : les coussins avaient disparu ! Pas un, mais toute la série. Que faire, sinon vouer aux gémonies l’auteur.e de ce larcin.

Quelques temps plus tard, il fut appelé pour une visite à domicile. Alors qu’on le conduisait au chevet du malade, il traversa la salle à manger et aperçut sur les chaises les fameux coussins toujours aussi coquets et confortables.

Que faire ?

Eh bien, presque gêné, il pratiqua son art comme si de rien n’était et l'ordonnance signée, s’en fut la tête basse, n’osant affronter une éventuelle discussion.

Userais-je de la même mansuétude si par hasard, un jour, je tombe sur mes silhouettes de chats kidnappées ? Je n’en suis pas certain…

Tonton d'après un récit de Patrick