La dent d'Oche

Tout alla fort bien jusqu'à mi-pente, quand soudain Ben sentit comme un léger flottement au niveau d'une de ses chaussures "spécial randonnée montagnarde". Un rapide coup d'œil, lui fit prendre conscience de prochaines difficultés : la semelle commençait à se décoller. Quelques pas encore, et la deuxième montra les mêmes signes d'épuisement. 

 

Que faire ?

Non loin de là, nos deux acolytes aperçurent les bâtiments d'une bergerie. Peut-être pourront-ils y trouver une aide ? Ils y furent accueillis par Madame qui amusée, héla sans tarder son époux. Celui-ci, après un rapide examen, exposa son diagnostic : 

 

- C'est classique, et je vois ça tous les jours : ce sont des chaussures qui ont été entreposées dans une cave et pas utilisées pendant une longue période, mais ne vous inquiétez pas, j'ai la solution…

 

Ce brave homme revint bientôt avec deux bouts de ficelle et montra à Ben comment bréler les ensembles chaussure-semelle.

 

Bien que dubitatifs sur la pérennité de ce bricolage, nos deux héros repartirent vers les sommets, mais les semelles flottantes ne facilitaient pas la progression, et après quelques dérapages intempestifs, ils durent se résoudre à écourter la ballade.

C'est alors, que sur le terrain d'ULM, nous reçûmes un laconique SMS :

 

- Nous rentrons, Ben à eu un accident de "chaussures"

Un peu inquiet, nous nous perdions en conjectures sur la gravité de leur situation, quand arrivèrent les premières photos.

Rassurés sur l'intégrité physique de notre ami, les commentaires les plus fins ne tardèrent pas à fuser :

 

- Tiens, ce matin on dirait qu'il marche à côté de ses pompes, le Ben…

- Les bons outils font les bons ouvriers, on dit…

- Pour un habitué des courses en montagne…

- Il se prend pour un sherpa, le gars…

 

Aucune pitié dans nos propos, mais nous ignorions l'ambiance locale, et comment la chose était perçue par nos deux protagonistes. Aussi, nous avons décidé de "sortir" toutes les plaisanteries hors de leur présence, mais de faire profil-bas lors de notre retour à la maison.

 

Nous avons donc traversé le jardin avec tout le sérieux dont nous étions capables, jusqu'à ce que nous tombions, exposés devant le porte d'entrée, sur les restes moribonds des deux grolles.

C'en était trop, le fou rire nous a repris, accompagné heureusement par celui de nos deus grimpeurs… Ouf !

 

Nous avons appris par la suite, que Ben était redescendu de la montagne, non "à cheval" comme dans la chanson, mais en chaussettes, les deux dépouilles en bandoulière.

Tenue inconfortable peut-être, mais plus stable.