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Torpilleur en rivière d'Auray

 

Je profite du fait que les hispano-fortins dont le n° est supérieur à 11 ont récupéré l'usage du téléphone fixe, d'internet et de la télévision, malencontreusement interrompus depuis le passage d'Alex. Cet abruti ayant mis à bas un cyprès sis au 11, et provoqué par voie de conséquence la rupture des lignes téléphoniques et d'un vétuste poteau.

 

Faisant suite à un petit article paru quelque part sur ce site, mais dont je ne retrouve pas trace, voici les souvenirs de notre ami Bernard, à propos du torpilleur jadis embusqué au Mané Verh.

 

Sur la commune du Bono, en face de la propriété de Kerentrech, est un lieu-dit Mane Verh où se trouvait encore au début des années 1950 un corps de garde-pêche, relevant très certainement du Quartier des Affaires Maritimes d'Auray.

Une estacade montée sur de fines poutrelles métalliques existait toujours à l'époque. J'ai eu l'occasion de l'escalader à plusieurs reprises dans ma jeunesse, lorsque mon père rendait visite aux gardes-pêches en poste au Mane Verh. Il faut croire que les galons m'impressionnaient déjà, car j'ai notamment le souvenir bien précis de ceux d'un second-maître dont les parements d'or de la veste étaient passablement vert-de-grisés, preuve sans doute d'une longue et laborieuse carrière !

Ces visites se faisaient généralement sur un trajet aller ou retour de Saint Goustan où nous allions régulièrement avec le bateau pour l'approvisionnement en essence détaxée, délivrée sous le contrôle vigilant de la Douane.

Ces voyages étaient également mis à profit pour faire les achats importants en poids ou volume à Auray car il n'y avait d'automobile ni au Fort Espagnol, ni à Kercado. Le choix du moyen de transport était simple : c'était soit la charrette et les chevaux, soit le bateau à moteur !

 

Bien entendu, je n'étais pas encore né lorsque cette photo a été prise mais ma grand-mère Marie Philomène Madec aimait évoquer la présence de torpilleurs dans la rivière d'Auray au début du 20e siècle. Ils étaient là en renfort des gardes-pêches pour la surveillance des gisements naturels d'huîtres plates, en particulier lors des campagnes de dragage destinées à nettoyer et assainir les bancs et prévoyant également le prélèvement d'une certaine quantité par les inscrits maritimes participants.

Tout naturellement les torpilleurs venaient s'amarrer à l'estacade des gardes-pêches du Mane Verh entre deux missions de surveillance.

 

En arrière plan, on a le resserrement de la rivière avec sur la gauche la pointe Vide-bouteille en Kerentrec'h. A droite, c'est la pointe du Rocher qui masque le début de la rivière du Bono.

 

Toute une flottille de torpilleurs était affectée à Lorient dans le cadre de la Défense Mobile, chargée de la surveillance et la protection des côtes. C'étaient des petits bâtiments d'environ 40 mètres de long et 90 tonnes de déplacement, avec des vitesses dépassant 20 nœuds, équipés d'un tube lance-torpille axial à l'avant et parfois d'un tube orientable sur le pont au centre.

 

Les conditions de vie devaient y être particulièrement spartiates ! Et la possibilité de toucher la terre ferme plutôt que de rester en mouillage forain était sûrement fort appréciée. Ce qui pouvait largement justifier une escale au Mane Verh.

 

 

Bernard Cadudal       

 

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Commentaires: 2
  • #1

    Sylvie l’aubergiste (samedi, 10 octobre 2020 19:51)

    Merci à Bernard de nous faire revivre la rivière d’Auray à travers les siècles, et à Tonton pour ce fil qu’il entretient entre nous tous !

  • #2

    Patrick B. (dimanche, 11 octobre 2020 08:01)

    Voici qui méritait d’être conté ! Encore !