· 

La polynésie

Les canaux de Patagonie

 

Qui n'a jamais rêvé, un jour d'aller naviguer en Polynésie ? Papeete, les Îles sous le vent... Je ne peux pas refuser cette invitation.

Me voilà donc à l'aéroport de Papeete. Et là, petite désillusion : je m'attendais à ne pas savoir où donner  du regard, à être émoustillé par un escadron de vahinés toutes plus gracieuses les unes que les autres. En fait, la plupart de ces demoiselles ont un MacDo d'une main, un soda de l'autre, et quelques kilos de trop. Rien à voir avec mes fantasmes d'ado.

Voilà comme s'écroulent des rêveries de jeunesse. Les syndicats d’initiatives devraient être plus attentifs et mettre le holà, afin de ne pas nuire à une certaine image de marque.

 

Petit avion vers Raiatea, destination finale où Éclipse m'attend dans sa marina. Retrouvailles chaleureuses avec Patrick et Marie, et sac à bord. En enjambant le balcon, je remarque quelques rémoras folâtrant autour de la coque.

Le problème, est que dans mon esprit, rémora est associé à requin, et que dans ma jeunesse, dans de nombreux films sur la guerre du Pacifique, il y avait toujours un personnage qui se faisait déchiqueté par une de ces bestioles.

Une fois mon sac à bord, pourquoi pas une petite douche après ce long voyage ? Nous sommes dans une marina après tout, c'est le moment ou jamais.

Je remets donc pied à terre armé du matériel nécessaire et me dirige gaiement vers les cabines, m'imaginant déjà me prélassant sous l'eau tiède. Hélas, comme dans la plupart des pays tropicaux, il n'y a pas d'eau chaude, qui comme chacun sait mélangé à l'eau froide produit de l'eau tiède. Dans l'absolu je comprends, mais le contraste entre la température ambiante et celle de l'eau est saisissante. Je dirais même un tantinet agressive pour mon épiderme délicat.

Donc douche rapide et retour au bateau.

 

Le programme prévu par mes hôtes est simple : direction les Tuamotu et retour par Bora-Bora. Après une navigation paisible dans le lagon, nous voilà partis, au près bien sûr, et par bonne brise. Le résultat ne se fait pas attendre : l'estomac plombé par le décalage horaire et un manque d'amarinage certain, je deviens très vite une misérable loque agrippée aux filières. Miséricordieux, Patrick décide alors d'une escale sur l'île de Huahine qui défile à tribord. Après une bonne nuit, nous rétablissons les voiles, et en route. Ce matin, ça va mieux !

 

Une touche. Une grosse bête vient de mordre à notre ligne de traîne, et rompre le train-train du voyage. Mais il faut toute la persuasion de Patrick pour convaincre ce récalcitrant de monter à bord.

Autre problème, nous ne sommes que trois et malgré un appétit soutenu par notre activité de plein air, nous ne voyons pas comment en venir à bout en un temps raisonnable.

Heureusement, nous arrivons à destination, première île des Tuamotu. Bientôt nous mouillons devant un village, et pouvons ainsi partager notre prise avec un pêcheur venu nous saluer. Il est content, et moi aussi : la suite prévisible de repas de poisson ad nauseam n'allait pas tarder à provoquer chez moi des rêves de barbecue saucisses / merguez.

 

Comme toutes ses consœurs, elle est constituée d'un anneau corallien bas sur l'eau, couvert d'une végétation luxuriante, avec quelques rares passes permettant d'atteindre le lagon. 

La navigation se fait alors "à vue", car le lagon est parsemé de "patates" de corail, et leur observation peut être assez délicate sous certains éclairages.

Une fois mouillés, Marie propose une baignade, et je commence à scruter les environs à la recherche d'un éventuel aileron. Devant ma mine dubitative, mes hôtes m'expliquent que les gros requins se cantonnent dans les passes. Bon... une petite trempette près de la jupe et retour à bord... C'est à peine si j'ai pu apprécier la température de l'eau.

A ma défense, il y a peu, j'ai vu un unijambiste sur un bateau voisin. Je n'ai pas osé l’interroger sur la cause de son amputation, mais ce que j'ai imaginé était horrible !

Maintenant, gonflons l'annexe et allons tâter de la qualité du sable. Extra ! Doux comme de la farine. Le sable corallien n'a rien à voir avec notre sable granuleux, grossier en comparaison.

Il ne nous reste plus qu'à explorer les lagons de quelques îles, profiter des paysages, dignes des fonds d'écran de nos ordinateurs, et faire quelques expériences.

Le snorkeling est une ballade masque / palmes / tuba en eau peu profonde, dans un paysage chatoyant de coraux et poissons. On n'y voit pas de gros poissons, ce qui est plutôt pour me rassurer, mais se promener en zigzagant entre les tas de coraux est très plaisant.

 

Une autre fois, mouillés près d'une plage, nous admirons mollement les couleurs de l'eau et de la végétation, les nuages, les oiseaux... Et si nous faisions un peu d'exercice ?

Nous décidons donc d'aller explorer le platier, sur l'océan, de l'autre côté de la frange de l’atoll. La bande de terre ne doit pas être bien large.

Annexe à l'eau (non ! pas à la nage !) nous voilà bientôt sur la plage en tenue d'explorateur : tongs, short, T-shirt et bob. Nous cherchons une éclaircie dans la végétation et commençons notre périple vers l'océan. En peu de temps, quelques arbustes piquants commencent à gêner notre progression, mais on ne doit plus être très loin : encore un petit effort...

Une heure de petit effort plus tard, nous arrivons enfin. Nous nous réconfortons mutuellement en nous persuadant que cela en valait la peine. Observation de poissons multicolores zébrant la surface, récolte de piquants d'oursins gros comme des crayons, puis nous pensons au retour.

Et c'est la galère. Nous ne retrouvons pas le même itinéraire, et guidé vaguement par la position du soleil, nous marchons, trébuchons, marchons, marchons, trébuchons... Patrick, tel un brise-glace a pris la tête de notre petite expédition, bousculant de l'épaule un buisson, foulant au pied un autre. Marie et moi suivons comme nous pouvons.

Enfin, un couple d'heures plus tard, par une éclaircie, nous apercevons un peu d'eau.

Une fois sur la plage, nous voyons l'annexe non loin : on n'est pas si mauvais. L'annexe est mise à l'eau, un petit requin passe en frétillant, nous embarquons, et direction le bateau.

 

Une fois notre soif étanchée, Patrick me tend une pince à épiler, et me montre toutes les petites épines fichées dans sa peau. Un vrai cactus retourné !

Stoïque, il subit son épilation sans broncher, mais l'heure du repas approche, et la suite est remise au lendemain, au grand jour. Curieusement, au petit matin, plus de trace. Soit les épines ont été absorbées, soit elles ont été expulsées. Quel homme !

Koh Lanta à la télé passe encore, in vivo, bof !

 

Le temps passe, et bientôt nous prenons la direction de Bora Bora. Magnifique !

Le lagon, les montagnes, on se promène dans un décor de carte postale. Mais nous sommes loin des atolls presque déserts des Tuamotu : villages de vacances sur pilotis, vedettes de transport, catamarans de location, églises aux toits rouges...

En bons touristes, sous un parasol fixé au niveau de la barre, nous serpentons dans le lagon empruntant de petits chenaux, craignant malgré tout à chaque instant de nous fourvoyer dans un cul-de-sac.

 

Le terme de mon séjour approche, et nous reprenons la route de Raiatea, croisant un petit sous-marin jaune à l'aspect de Playmobil. Réjouissant...

 

L'heure de la séparation arrive, et conformément à la tradition, je me retrouve avec un collier de coquillages autour du cou et une fleur de Tiaré derrière l'oreille, droite ? gauche ?


 

Il était prévu que je participe à la dernière étape Açores-LeBono, mais un petit ennui de santé me l'a interdit. La série se termine donc là.

On a l'âge de ses artères !...

 

Écrire commentaire

Commentaires: 3
  • #1

    David Guiraud (mardi, 26 décembre 2017 15:49)

    Merci Tonton... çà fait rêver quand on voit la météo sur la rivière !!

  • #2

    Hortensia Bleu (mercredi, 27 décembre 2017 15:39)

    Oh8 Les belles couleurs!!!!!

  • #3

    El seis de la punta (vendredi, 29 décembre 2017 19:18)

    Et plus que l'air marin la douceur hispanofortine!
    Merci Tonton