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Vestiges du Fort Espagnol

 

De notre ami Bernard, vaillante mémoire du Fort...

 

Sur un fond de cadastre de 1831 (en blanc) superposé au cadastre actuel (en noir), voici une tentative de représentation de ce qui restait des "fortifications" du Fort Espagnol au début des années 1950.

 

En 1831, l'ostréiculture n'est pas encore née et les constructions 983 et 984 sont sans doute destinées à d'autres utilisations. Elles ne correspondent pas exactement aux constructions actuelles.

La construction 982 se retrouve baptisée « poste de douane » sur un plan de 1880. Il y avait effectivement à cette époque une permanence douanière au Fort- Espagnol ; les douaniers logeaient en famille à Kercado ou à Locqueltas.

 

Dans les premières années de 1950, le cadastre diffère peu de celui de 1831 :

 

La route correspond au chemin représenté en pointillé. Elle est simplement plus ou moins bien empierrée et bordée de fossés. Elle est entretenue par un cantonnier qui passe de temps en temps (...sabots de bois, pelle et pioche amarrées au cadre du vélo, musette à casse-croûte de laquelle émergent au minimum deux goulots de bouteille...)

 

La parcelle 988 est amputée de la partie côtière au delà de la levée de terre ; partie cédée à la famille Alexandre, sans doute vers 1860, pour la réalisation des terre-pleins nécessaires au travail et au stockage des tuiles ostréicoles (aujourd'hui propriété de Francis). Cette exploitation ostréicole est la propriété de Joseph Collet, habitant Saint Goustan et dont la maman était une Alexandre.

 

La parcelle 987 renferme un charmant potager-verger et est rattachée aux parcelles 984 et 985, exploitation ostréicole propriété de la famille Flandrois, 

 

La parcelle 981 a été fractionnée et la maison du garde maritime y a été construite dans la partie sud (aujourd'hui partie ancienne de la maison de Thierry et Patricia). Un potager y est également entretenu devant la maison. Cette propriété appartient à la famille Collet qui l'occupe lorsqu'elle est au Fort Espagnol (voir le récit «le feu à Kergurset »).

 

La parcelle 989 est un champ cultivé appartenant à la ferme Cadudal. J'ai gardé le souvenir d'un champ de céréales parsemé, pour ne pas dire envahi, de coquelicots et de bleuets. Dans la partie nord-est, mon père y cultivait son potager.

Dans l'angle sud du champ, à gauche du débouché du chemin, il y avait un grand pommier. C'est une particularité dont j'ai conservé la mémoire car elle se retrouvait dans la plupart des champs de la ferme Cadudal. Ce grand pommier solitaire, planté près de l'entrée du champ, était sans doute destiné à y déposer équipements et matériel et aussi servir de coin repos à l'ombre lors des pauses dans les travaux des champs.

 

La grande parcelle 977 est également un champ de la ferme Cadudal qui possède lui aussi son grand  pommier solitaire situé dans la petite avancée au sud, à l'opposé de l'accès situé à l'angle nord-ouest (exception qui confirme la règle !).

 

Tout le reste des terres est une grande lande, on peut dire d'un seul tenant car il n'y a aucune matérialisation des limites de parcelles (sauf les pierres de bornage enfouies dans la végétation). Cependant cette lande est exploitée et donc entretenue par les fermes de Kercado qui en sont propriétaires :

- soit en «lande haute» constituée d'arbustes (2 mètres environ) d'ajonc et de genet, fournissant principalement des fagots destinés à alimenter les feux des cheminées et des chaudrons, mais aussi à isoler du sol et des intempéries les stockages extérieurs (betteraves fourragères) ou encore combler les grandes ornières lorsque, l'hiver, les chemins menant dans les champs deviennent impraticables. Parfois cet ajonc est aussi parfois employé comme sous-couche de litière dans les étables.

- soit en « petite lande » où l'ajonc se présente sous forme de touffes basses auxquelles se mêlent quelques touffes de genet et de bruyère. Cet ajonc est régulièrement amputé de ses jeunes pousses tendres, coupées en général par des journaliers employés à la tâche (payés au nombre de mottes réalisées) et utilisant un « chtrope », une houe à fer large et épais donc pesant, du vieux français « étrope » me semble-t-il. Ainsi, cet ajonc tendre est destiné à l'alimentation des animaux (bétail et chevaux) après avoir été haché et broyé à la ferme dans un appareil mû à bras, appelé « hacherez lann ».

 

Il y a très peu d' arbres, seulement quelques jeunes pins maritimes par ci, par là et quelques fruitiers dans les potagers. Des espèces que je qualifierai d' exotiques me sont restées en mémoire : le figuier et le lilas dans la partie nord du jardin des Collet, les quatre ou cinq grands tamaris qui jalonnent le bord de côte, formant abri tout comme d'ailleurs quelques buissons impénétrables d'aubépines.

 

Le bord de côte, puisqu'on en parle, est pratiquement vierge de terre-pleins et de murs et les maisons en pierre se limitent à trois (le parpaing n'est pas encore connu !). Les abris des ostréiculteurs sont de pauvres cabanes en planches coaltarées, couvertes en tôle ondulée. Chez Collet (grosse exploitation ostréicole), on a même des cabanes mobiles à seulement trois côtés fermés que l'on peut déplacer sur les terre-pleins selon l'emplacement des tuiles à travailler et/ou selon l'orientation du vent ou du soleil.

Côté mer, à quelques endroits, la pleine mer de vive-eau atteint et sape les levées de terre qui constituent alors de mini-falaises de terre plutôt meuble, paradis des hirondelles de rivage qui y creusent facilement leurs terriers. Côté terre, ce sont les lapins de garenne qui profitent largement de ces mêmes facilités de logement.

Ultime précision : En ce début des années 1950, il y a quatre exploitations ostréicoles au Fort Espagnol et seulement deux familles y résident en permanence.

 

Bernard Cadudal

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Commentaires: 2
  • #1

    Sylvie l'aubergiste (dimanche, 12 novembre 2017 20:24)

    Merci à Bernard (et à Tonton) de nous faire partager cette précieuse mémoire ! Cela donne un supplément d'âme à notre chère presqu'île.

  • #2

    Olivero del seis del forte (lundi, 13 novembre 2017 11:45)

    Si Bernardo! Tu storias sono muy intéressantes. a quando la sigiente?
    Bon tu m'a compris, on aime bien et on en veut d'autres!
    Portez-vous bien et à bientôt pour faire la fête!
    Olivier