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Les Pigeons et Nous !

Chacun son karma !

Voici le calvaire subit par nos futurs compatriotes de dans quelques mois, Mazie et Jean-François.

Les pauvres, ils ne savent pas qu'ici nous avons aussi nos pigeons, et ils ne connaissent pas encore les gouelles (protégées en plus, ces sales bêtes), ou nos sympathiques cormorans, depuis leur oisiveté forcée. Il n'y a qu'à jeter un œil sur le pont de la véli-barge de Jean au petit matin, où ces deux espèces cohabitent.

 

A chacun ses nuisances. Les taupes ont épargné notre petit jardin de centre-ville. Il est clos de vieux murs de pierres aux fondations peut-être trop profondes pour qu'elles aient, malgré leur expertise, envisagé un tel chantier. . Ou peut-être que la taupe n'a tout simplement pas l'âme citadine.

Chez nous (avant que notre « chez-nous» devienne le Fort Espagnol), le danger ne vient pas de la terre mais des airs et a pour nom: le pigeon ! Et le pigeon, lui, est de plus en plus citadin. Et le pigeon aime notre maison et notre jardin de ville, particulièrement aux beaux jours. En effet, dès qu'un peu de sécheresse s'installe, les pigeons peuvent venir boire dans notre bassin entouré de prêles et de hostas. D'ailleurs pour être plus proches de cette petite oasis ils viennent nicher sous les vieux toits aux alentours.

C'est presque angoissant. J'ai parfois l'impression de jouer dans un remake des Oiseaux : je suis sur un transat près du bassin et j'ai compté 14 pigeons autours de moi sur les gouttières (qu'ils boucheront de leurs fientes). Ils sont là, l’œil rond, ils m'observent mais n'osent pas approcher plus près. Ils ont soif (la Sarthe n'est pourtant pas loin) et je sens qu'ils me détestent. Je sais qu'ils arriveront tous, dès que je rentrerai dans la maison, et me déposeront une espèce de film blanchâtre et gras à la surface du bassin. Beurk, ils ne peuvent même pas boire proprement.

Si on ajoute :

  • les fientes partout sur la terrasse et surtout sur les coussins écrus du salon de jardin qu'ils s'amusent à viser avec un malin plaisir, juste avant leur atterrissage sur le toit

  • leur roucoulement répétitif, sans aucune imagination

  • le bruit de jouet mécanique mal huilé qu'ils font au décollage

  • le crissement de leurs griffes sur les ardoises comme une craie sur un tableau noir

  • leur entêtement à vouloir faire leur nid dans la glycine...

et bien Jean- François et moi haïssons les pigeons !!!! (sauf dans notre assiette). Et puis les pigeons c'est con !

 

Nos batailles :

  • Les pigeons aimaient se poser sur la tranche supérieure des volets de notre chambre ce qui m'obligeait à nettoyer les fenêtres du salon , juste en dessous, tous les jours.Dans un premier temps on a à peine enfoncé des longs clous dans le bois des volets espérant ainsi qu'ils ne pourraient plus s'y poser. Mais profitant de ces appuis, de ces petites cales qu'on lui offrait , un pigeon a réussi à faire un nid entre le volet ouvert et le mur. Peu d'espace, le nid n'aurait peut-être pas tenu...mais je l'ai aidé à tomber : j'ai fermé le volet. Bien fait !

Mais je n'appelle pas ça une victoire puisque la solution consistait à vivre dans la pénombre. (Il existe d'ailleurs des picots anti-pigeons dans le commerce mais quand je vois l'état de petites rues d'Alençon où les gouttières en sont pourvues, j'ai des doutes sur leur efficacité) 

  • Jean-François a ensuite fabriqué et posé près du bassin une espèce d'épouvantail souple, sur une tige flexible, avec des petits morceaux de papier alu . Le tout devait s'agiter au vent. Mais notre jardin est bien abrité entre ses vieux murs et l'épouvante escomptée n'a pas eu lieu. Les sales bêtes côtoyaient tranquillement la géniale invention de mon mari. 
  • On a commencé à baisser les bras. De temps en temps, au risque de passer pour des fous auprès des voisins, on ouvrait la fenêtre pour crier un « Pan ! » tonitruant. Envolée bruyante des 3 ou 4 volatiles se prélassant sur la terrasse suivie d'un nouvel atterrissage dans la minute. Nos « PAN ! » se sont espacés , le moral n'y était plus . Le pigeon est peut-être con mais il est persévérant. 
  • Nos amis nous ont dit :  « Faites comme nous , le toit un peu tarabiscoté de la pharmacie était envahi par les pigeons et tous les ans nous devions y grimper pour le nettoyer au balai-brosse. Ça prenait la journée. Nous avons fait appel à un service de la mairie, un employé vient déposer des cages à 6 entrées sur le toit et tous les soirs il monte avec un grand sac, vide les cages et redescend avec son sac plein. » Macabre chargement, pas de mouvement à l'intérieur du sac ...
  • Nous avons donc sans états d'âme fait appel à la mairie. Nous avons eu droit à une cage. Et bien aucun pigeon n'est entré dedans ! Au moins six à huit par jour chez nos copains et nous rien ! Le comble ,c'est que nous étions obligés de rester à l'intérieur de la maison pour qu'ils osent approcher de la cage. Ils profitaient du beau temps, du bassin et nous étions bouclés chez nous. L'employé de la mairie a renoncé, il a repris sa cage et les pigeons continuent à nous regarder de leur œil rond. Ils nous narguent. 
  • Et là, JF a sorti les grands moyens : la carabine à air comprimé de son enfance ! Il est allé la dénicher au fond de la cave où je l'avais planquée pour ne pas qu'un jour mes enfants tombent dessus. Et oui, pas ce genre de « jouet » chez moi ( depuis, mais il y a prescription, j'ai appris qu'il y a longtemps que mes petits avaient mis la main dessus et la chargeaient avec des grains de poivre).

«  Mais ça va pas, tu risques de tuer des voisins ! »

 

« T'inquiète, c'est du p'tit plomb. »

 

Il l'a remise en état ,me confiant le soin de repeindre la crosse. Je déteste les armes à feu (toutes les armes en fait) et il a dû se dire que si j'y mettais un peu de couleur, j'en aurais moins peur.

On ne pourra pas dire que je n'ai pas donné une chance aux pigeons, elle n'est pas discrète la carabine.

 

 

 

JF travaille la plupart du temps à la maison et son bureau se trouve au grenier. Son mirador devrais-je dire. Entre 2 coups de fil aux clients, j'entends,d'en bas le claquement sec de la carabine suivi parfois d'un cri de victoire.

 

Plusieurs fois JF descend au salon pour régler l'engin :  « Je croyais l'avoir touché, il a sursauté mais il est revenu aussitôt ».  

 

 Je me demande s'il n'imite pas Tintin au Congo et s'il n'y a pas, dans le creux formé par trois ou quatre toits voisins, un tas de pigeons morts.

 

Bizarrement je n'ai jamais trouvé de cadavre dans le jardin.Mais un jour j'ai croisé un blessé qui se traînait sur le trottoir, côté rue. Et je dois dire que j'ai eu très mauvaise conscience, JF aussi je crois. Nous on voulait UNE MORT PROPRE ( et si possible sans cadavre).

 

Mais avec du petit plomb, pas de miracle. Et franchement, en pleine ville, il me paraît dangereux de passer au calibre supérieur ...surtout que JF est parfois très énervé par des voisins qui mettent leur musique à fond.

 

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