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Les taupes et moi !

Les taupes et moi, c'est une longue histoire...

Dans ma tendre jeunesse (si, si, j'ai été jeune avec des longs cheveux blonds avec anglaises et une barboteuse), déjà mon grand-père chassait la taupe à grand renfort de piège à mâchoires ; il lui était intolérable que ces vandales saccagent son potager.

Dès que j'eus l'âge d'entretenir un jardin, je fus comme tout le monde confronté à ce problème. Alors, la solution était simple : quelques vers, un peu de strychnine du bon docteur Elie Bacou, chimiste à Murat, le tout mélangé et déposé dans une galerie. Le matin suivant tout était terminé... pas même de cadavre sanguinolent pour me donner mauvaise conscience.

Mais voilà, sous prétexte que dans certains couples, un des conjoints présentait parfois des symptômes suspects, cette merveille d'efficacité fut interdite.

A l'époque, pas d'internet pour m'aider à trouver une méthode, non sanglante, de remplacement. Je demandais donc à mes relations si elles connaissaient un moyen efficace d’éradication ou de répulsion. Et là, j'ai commencé une série de tests, tous moins concluants les uns que les autres.

A titre d'exemples :

  • Les taupes étant hémophiles, il suffit d'insérer un morceau de verre ou une branche d'épineux : j'appris bien plus tard (grâce à internet), que ce n'était qu'une légende.
  • Les taupes ayant l'oreille sensible, il suffit de planter une branche de sureau (?) verticalement dans la taupinière, et les vibrations causées par le vent les font fuir. Tu parles !
  • Les taupes ayant un odorat sensible, il suffit de glisser une boule de naphtaline dans la taupinière préalablement arasée. Le lendemain matin, le monticule était de nouveau en place, avec "cerise sur le gâteau", ma boule en équilibre à son sommet (je vous jure que cette anecdote est authentique !).
  • Les taupes étant jalouses de leur territoire, il suffit d'uriner fréquemment sur les taupinières afin d'indiquer à ces indésirables, le véritable propriétaire des lieux. Malheureusement, mon terrain faisant plus d'un hectare, ma vessie n'y suffisait pas.
  • Les taupes ayant les bronches fragiles, il suffit de relier la sortie du pot d’échappement de la tondeuse à une galerie, et de laisser le moteur tourner "un certain temps". Aucune efficacité, tout juste une légère irritation bronchique de quelques jours.
  • Les taupes éprouvant quelques difficultés à nager dans leur galerie, il suffit d'introduire un tuyau d'arrosage (au point le plus haut du réseau), et de noyer le tout. Rien ! Je suppose que ces petites bêtes élèvent un mur de terre à la hâte, ce qui les isole de l'eau ou des gaz d’échappement.
  • …Et j'en passe...

 

Considérant que cela avait assez duré, et que je me couvrais de ridicule, je tentai une solution personnelle et géniale, fruit de mon imagination enfiévrée :

Si une taupe se retrouve au fond d'une bouteille en plastic vide, elle aura la plus grande difficulté à remonter sur les parois. Autre avantage : elle sera toujours vivante, et pourra éventuellement être déposée subrepticement chez quelqu'un que je n'aime pas (qui vous a dit que j'avais bon fond ?).

Je pris donc une bouteille d'eau, perçai deux trous, et enterrai la bouteille avec les deux trous en face de la galerie. La taupe n'ayant pas une réputation de claire voyance (surtout la nuit), elle devrait tomber au fond, et à moi le brevet et les sous !

A l'aube, le cœur battant et gonflé d'espoir, je me précipitai : la bouteille était lourde. Y aurait-il plusieurs spécimens ? Las, une fois sortie de terre, je constatai qu'elle était complètement remplie de terre (1,5 l quand même), avec un petit tunnel reliant les deux entrées de galerie. 

Une sorte de doigt d'honneur ! KO ! Je ne pus qu'accepter ma défaite et saluer le vainqueur chapeau bas...

 

C'est alors que je fis mes premiers essais pyrotechniques : la poudre allait parler ! Règlement de compte à O.K. Corral !

J'avais trouvé dans un magasin, un système "intelligent" : un boîtier avec deux contacteurs obstruait la galerie. Chaque contacteur était relié à un pétard, et le tout était alimenté avec une pile de ménage, par l'intermédiaire de deux fils. La taupe pouvait se présenter de l'un ou l'autre côté, tout était prévu. Après une pose précautionneuse et une nuit sereine, j’extrayais dès potron-minet l'ensemble afin de vérifier si un des pétards avait fonctionné. En un éclair, je m'aperçus que je n'avais pas débranché la pile. L'inquiétude, le stress, la surprise, la décharge d'adrénaline ?  Je pressai malencontreusement un des contacteurs et "boum !". Le sursaut me fit presser le second par reflex : deuxième explosion se confondant avec la première. Hébété et l’œil hagard, le machin toujours au bout des doigts, complètement sourd, je ressemblais à ces personnages de BD ou dessins animés, voués à terminer chaque épisode dans un nuage de fumée.

 

Mais maintenant tout ceci est de l'histoire ancienne !

J'ai enfin trouvé l'engin idéal, le Graal de la lutte taupicide. Demandez à Bernard et Danielle. Ils ont vu, ils savent !

 

 

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Commentaires: 3
  • #1

    Sylvie l'aubergiste (mercredi, 30 août 2017 22:31)

    Merci Tonton pour ce billet comme toujours plein d'humour et de légèreté (et merci aussi pour la délicieuse soirée de dimanche). Mais, rassure-nous, tu ne vas pas nous laisser trop longtemps dans l'incertitude ? Tu vas bientôt nous raconter la fin de l'histoire un peu plus explicitement ? A moins que ce soit si insoutenable pour des lecteurs(trices) sensibles ?

  • #2

    Le fiston (jeudi, 31 août 2017 13:23)

    Ne me dis pas que la saga qui a bercé mon enfance est fini? Je vous garantie chers lecteurs que nous venez d'avoir le récit de la version courte!

  • #3

    Le Fortiche Galicien (dimanche, 03 septembre 2017 15:10)

    Si tu as besoin de vessies pleines, n'hésite pas à faire appel aux autres celtibères du coin; ce serait un grand plaisir tel les cap-horniers d'aller pisser de concert en plein vent chez toi!