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Le courant électrique au Fort Espagnol

Dans le premier tiers du XXe siècle, l'une des grandes préoccupations nationales a été le développement de la  production d'énergie électrique et sa distribution dans tout le pays pour que chaque citoyen puisse bénéficier des bienfaits de "la bonne fée électricité".

Gigantesque programme qui ne s'est pas réalisé en un jour, notamment dans les campagnes !

La recherche de sources de production, au moins régionales à défaut d'être locales, est bien entendu une piste intéressante pour essayer de limiter au mieux les coûts des infrastructures de transport.

 

Ainsi de nombreux projets plus ou moins réalistes vont être proposés à travers la France dont voici un exemple :

En 1924, Monsieur G. De Coriolis, ingénieur civil de nationalité anglaise,soumet au conseil municipal d'Auray un projet d'utilisation de la force marémotrice des marées dans la rivière d'Auray.

Il s'agit d'édifier un barrage depuis la pointe du Moustoir en Locmariaquer jusqu'à la pointe de Lautram en Baden (Nota).

Ce barrage recevrait 100 turbines pouvant fournir chacune une puissance de 1000 chevaux. Il serait muni de deux écluses manoeuvrées électriquement, permettant la navigation à toute heure du jour et de la nuit. Il comporterait, en encorbellement et de chaque côté, une voie charretière avec trottoir pour piétons.

Malgré un accueil très favorable du conseil municipal d'Auray, ce projet ne verra pas le jour. Cette même année 1924, le barrage de Guerlédan est en construction.

 

(Nota) : C'est-à-dire en aval du Fort Espagnol, en s'appuyant plus ou moins sur les platures du Bascatique.

La pointe de Lautram est aujourd'hui nommée la pointe du Guern. Il y avait autrefois au-dessus de cette pointe un petit lieu-dit Lautréan situé entre le grand Guern et le vieux Guern.

A cet endroit on trouve aujourd'hui la "route du Nautran" et le "chemin de Mane Nautran", appellations qui peuvent provenir de l'ancien nom de ce lieu.

 

La lumière électrique apparaîtra dans le bourg de Crac'h à partir de 1926. Le Fort Espagnol devra attendre 1937 pour voir arriver la fée électricité.

Pour être plus précis, les habitations de Kercado ont été raccordées le 27 avril 1937 et on peut penser que celles du Fort Espagnol l'ont été le même jour ou dans les proches jours suivants.

Cependant,  pour bénéficier de la si précieuse lumière électrique, il fallait payer cash au moment du branchement ! Et ce fameux jour tous les Cadudal étaient à la noce ; ils mariaient Thuriau, le huitième enfant de la fratrie. Personne n'avait pensé laisser l'argent nécessaire aux gens qui s'occupaient ce jour là du gardiennage de la ferme.

Ce 27 avril 1937 au soir, tous à Kercado et peut-être au Fort Espagnol s'éclairaient à l'électricité ; sauf la famille Cadudal mais ce n'était peut-être pas si grave car pour l'heure elle était à la noce, sans doute chez Clémentine (vous savez : le café-épicerie Morgant, de l'autre côté de la grande route, en vis-à-vis du bar de l'Etoile) !

 

Bernard Cadudal, mémoire du Fort Espagnol

 

(Sources : Ouest-France, bulletin municipal de Crac'h et bien entendu ma tante Louisette)

 

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Commentaires: 2
  • #1

    Tonton (lundi, 04 janvier 2016 18:57)

    Ah, la Fée Electricité !
    Je me rappelle des illustrations, lithographies dithyrambiques, représentant une femme brandissant fièrement un halo au dessus de la tête.
    Je me rappelle aussi, que dans mon Médoc natal (personne n'est parfait),les lampes à pétrole étaient de sortie au moindre orage.

  • #2

    Bernard CADUDAL (mercredi, 06 janvier 2016 10:50)

    Vous aurez sans doute corrigé de vous même : 100 turbines de 1000 CV dans la rivière d'Auray, c'est beaucoup ! 10 turbines, ce serait sans doute largement suffisant.
    L'erreur est ancienne car mes sources donnent bien le chiffre de 100.