Il était une fois une jolie petite huître,
Qui vivait tranquillement, dans le grand océan.
Elle était l'innocence, écoutait sa maman,
Ne prêtait pas l'oreille, aux marauds et aux cuistres.
On lui avait appris, comme disait le roi Louis*,
A ne jamais s'ouvrir durant les mois d'été.
Ces fameux mois en "r", dans l'eau chaude et souillée,
Porteuse d'indécence, et de semences enfouies.
Mais vinrent les senteurs de marée de pleine lune,
En chaleur, elle lapa comme une chienne les rochers.
Et ce beau poisson vint, ce poisson décoré
De gris, de bleu laqué, au regard d'opaline.
Et elle voulait danser, et sa tête rêvait,
Et lui virevoltait, et lui la désirait.
"Ouvre-toi, donne-toi, tu es marennes, ma reine !"
"Tu es là mon amour, je suis là, je suis tienne..."
Elle sentit dans sa chair, les morsures de l'amant,
Au delà de l'amour, au delà du désir,
Elle entendit le cri de la soie qu'on déchire,
Il lui prenait sa perle, à la blancheur d'harfang.
Et puis septembre vint, premier des mois en "r",
Et malgré ses suppliques, ses larmes et ses prières,
Son amant s'éloigna, vogua vers d'autres eaux,
Ce n'était qu'un coquin, ce n'était qu'un maquereau.
* C'est Louis XV qui mit en place la règle des mois en "r", afin d'éviter les intoxications dues au transport lorsqu'il fait chaud, et pour préserver la ressource, car la reproduction des huîtres a lieu durant cette période.
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