Enfin !...

Ce matin au réveil, jetant un œil machinal vers le ciel, j'ai pu constater que celui-ci avait repris son aspect habituel.

Depuis quelques temps, un bleu imbécile, sans la moindre nuance et parfaitement anachronique dans notre région, avait supplanté notre doux et changeant ciel breton. Pas le moindre cirrus filandreux, pas le moindre pétulant cumulus ni laiteux cirrostratus, et ne parlons pas du fringant cumulonimbus, ni du grandiose congestus...

Mais pourquoi diantre, avons nous dû subir ce bouleversement climatique ? Examinons les raisons possibles de cette perturbation.

J'ai tout d’abord pensé à l'éclipse. Tout bon augure vous confirmera qu'une éclipse est le signe patent d'un événement funeste. Dans ce cas, si j'en crois mes éphémérides, nous sommes tranquilles jusqu'au 27 juillet 2018.

Mais plus probablement, ce sont les effets pervers d'une boucle spatio-temporelle initiée par quelque sorcier local, lointain descendant de nos envahisseurs, qui nous a imposé ce ciel méditerranéen.

Quelle qu'en soit la raison, cet épisode météorologique incongru évacué, nous pouvons nous préparer à sortir cirés, bottes, petits bonnets, et batifoler joyeusement le long de nos chemins côtiers.

Car comme l'écrivait (à peu près mais si justement) ce bon Joachim dans mon Lagarde et Michard :

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus ma rivière d'Auray, que le Tibre latin,
Plus ma petite presqu'île, que le mont Palatin, 

Et plus que la rigueur, l'âme hispano-fortine.